Entretien avec Marc Pfenninger, directeurs des opérations et des finances chez Compenswiss

Débats sur la prévoyance
A l’occasion de la conférence destinée à nos partenaires qui s’est déroulée fin septembre au Lausanne-Palace, nous avons eu le privilège d’avoir Monsieur Marc Pfenninger comme orateur. Suite à cet événement qui a réuni une centaine de personnes, Nevil von Tscharner, responsable de la clientèle chez PensExpert, s’est rendu dans les bureaux de Compenswiss à Genève pour un bref entretien.
6. décembre 2022
Écrit par
Fabio Brunner
Responsable du marketing

Nevil von Tscharner: Compenswiss étant plutôt méconnu du grand public, pourriez-vous brièvement nous expliquer la mission centrale de cet établissement de droit public?

Marc Pfenninger: Le rôle de Compenswiss est de gérer les réserves des 3 assurances sociales, à savoir l’AVS, l’AI et l’APG qui représentent aujourd’hui une somme d’environ CHF 40 milliards. Compenswiss peut en quelque sorte être considéré comme le banquier du premier pilier.

NvT: En quoi la réforme de l’AVS 21 acceptée par le peuple suisse en septembre dernier, qui amène plus de visibilité sur le financement de l’AVS, modifie-elle votre stratégie d’investissement?

MP: L’effet principal est un allongement de la «durée de vie» des fonds et par conséquent de notre horizon de placement. Au niveau des classes d’actifs, cela nous confère un peu plus de confort et de flexibilité en matière d’investissements dans des instruments moins liquides.

NvT: L’année 2022 sera à oublier au plus vite avec une «réinitialisation» des taux d’intérêt due au retour de l’inflation qui a provoqué la baisse simultanée des actions et des obligations. A quoi peut-on s’attendre pour la prochaine décennie si ce retour à une certaine normalité devait se confirmer et perdurer?

MP: Des modifications à la marge de notre allocation stratégique ont été et continuent d’être amenées. La bonne nouvelle à l’avenir, avec des taux plus élevés et dans un régime de stabilité, est que la recherche de rendements pourrait s’avérer être un défi moins compliqué que par le passé. La hausse des taux d’intérêt implique mécaniquement une hausse des rendements attendus (également en raison de la baisse de valorisation sur les marchés actions), ce qui est en soi une bonne nouvelle pour les investisseurs institutionnels.

NvT: Quel est pour Compenswiss la pondération du Private Equity et du capital risque (Venture Capital) dans le portefeuille d’investissement? On entend souvent dire que c’est la classe d’actif la plus performante sur le long terme. Est-ce que cette classe d’actif est adaptée à la gestion du 1er pilier?

MP: Nous n’avons pas réalisé d’investissements dans ces classes d’actifs à ce jour en raison du besoin de liquidité. Nous avons décidé depuis près de dix ans d’allouer ce qui pouvait l’être à l’immobilier non coté. Cette classe d’actifs amène une meilleure diversification au portefeuille. Avec une évolution positive de notre horizon-temps, nous pourrions toutefois considérer de réaliser ce type d’investissement à l’avenir.

NvT: Est-ce que toute la fortune placée sous la responsabilité de Compenswiss est-elle gérée en interne ou est-ce que vous avez aussi des prestataires externes?

MP: Nous avons un grand nombre de prestataires externes. La fortune est gérée dans des proportions quasi similaires en interne et en externe, à savoir 55% à l’interne contre 45% à l’externe. La répartition est fonction, entre autres choses, d’une analyse coût-bénéfices, d’aspects opérationnels, de la complexité du segment considéré et bien sûr de la disponibilité de gérants spécialisés qu’il est possible d’engager.

Écrit par
Fabio Brunner
Responsable du marketing